La STAARMUC prend son envol

Lomé, le 15 février 2025 — Une page essentielle de l'histoire médicale togolaise s'est tournée avec la tenue de la 1ère Assemblée Générale (AG) de la Société Togolaise d'Anesthésie, d'Analgésie, de Réanimation, de Médecine d'Urgence et de Catastrophe (STAARMUC).

Groupe

Lancement et feuille de route pour l'excellence en Anesthésie-Réanimation au Togo

La Société Togolaise d'Anesthésie, d'Analgésie, de Réanimation, de Médecine d'Urgence et de Catastrophe (STAARMUC). Plateforme nationale destinée à fédérer tous les praticiens anesthésistes-réanimateurs togolais et leurs partenaires , cette AG a jeté les bases d'une refondation ambitieuse de la discipline dans le pays.

Tenue au CHU Sylvanus Olympio, juste après un atelier de formation en anesthésie loco-régionale (ALR), la rencontre était présidée par le Dr Jacques ALAWOE, Expert formateur et Président du comité diaspora de la STAARMUC, assisté du Dr Xavier RAINGEVAL, Chef de mission et conseiller.

Un engagement associatif et une structure optimisée

Le Professeur SAMA a rappelé, dans son propos introductif, l'indispensabilité d'une vie associative pour assurer la cohésion, l'organisation et le bon déroulement des activités dans le corps de métiers.

Toutefois, pour gagner en efficacité, il a été décidé de regrouper ces structures en cinq comités au maximum, compte tenu des effectifs actuels. La règle est claire : chaque responsable de comité devra définir trois objectifs précis à atteindre pour accomplir les missions de la STAARMUC.

Le Cœur des Débats : Formation, Conditions de Travail et Partenariats

Groupe 1Les échanges ont rapidement convergé vers les leviers d'action essentiels pour optimiser la viabilité de la Société.

1. Renforcer les compétences par la formation continue

Pour maintenir les compétences des membres, le Dr ALAWOE a insisté sur l'importance de la formation continue. Les moyens d'y parvenir incluent l'organisation d'ateliers de formation pratiques et l'établissement d'un calendrier de congrès.

Le Dr Xavier RAINGEVAL a suggéré la tenue de ces ateliers sous un format Workshop dématérialisé avec son équipe. Une proposition concrète a été faite pour organiser un atelier pratique en ALR dès avril 2026.

De plus, une orientation stratégique forte a été donnée : privilégier la formation locale plutôt que le système des FFI (Faisant Fonction d'Interne), dont les postes sont de plus en plus difficiles à obtenir et dont la rentabilité en termes d'apprentissage est jugée médiocre.

2. Mobiliser la diaspora pour améliorer le plateau technique

Soulignant que la bonne pratique nécessite un matériel et un plateau technique performant qui font souvent défaut , le Dr ALAWOE a encouragé à nouer des partenariats solides avec les ONG, associations, et surtout la diaspora.

Il a affirmé que la diaspora est prête à contribuer, mais exige la soumission d'un projet clair avec des objectifs pertinents. Le Dr ALAWOE s'est personnellement proposé pour défendre toute demande de financement du plateau technique auprès des membres de la diaspora.

3. Le développement de la médecine préhospitalière et de la simulation

  • Le projet SAMU : Le Professeur SAMA a rappelé le projet de mise en place d'un SAMU national. Les experts ont encouragé la STAARMUC à s'appuyer sur l'expérience réussie des pays voisins, notamment le Niger et le Bénin.
  • Un centre de simulation de haut niveau : Une excellente nouvelle a été annoncée : l'existence d'un centre de simulation équipé de simulateurs haute-fidélité à l'ESSAL (École du Service de Santé des Armées de Lomé). Ce centre a vocation à s'ouvrir aux stagiaires civils et militaires. Les experts ont encouragé la STAARMUC à capitaliser sur ce joyau pour en faire à terme un centre sous-régional.

L'Enjeu crucial de la Délégation de l'ALR

Le point le plus discuté fut sans conteste le projet de texte de la STAARMUC visant à autoriser la délégation de certains actes d'ALR au personnel non médecin. L'idée directrice est de réduire les risques d'anesthésie générale pour des chirurgies pouvant être réalisées sous ALR.

Les arguments des experts

Les experts ont encouragé la STAARMUC, fournissant des arguments à défendre auprès des autorités sanitaires :

  • La pratique de la rachianesthésie par les infirmiers anesthésistes.
  • La pratique non autorisée de l'ALR sous neurostimulation par les infirmiers anesthésistes.
  • Le précédent de la réalisation de certains actes chirurgicaux dans le cadre de la chirurgie essentielle dans des pays comme le Burkina Faso.

Les réserves et les réalités

Les médecins réservés ont soulevé des inquiétudes majeures :

  • La question de la responsabilité juridique en cas de morbi-mortalité liée à une ALR pratiquée par un non-médecin.
  • L'absence d'un mécanisme de contrôle pour éviter l'auto-extension de la pratique à des actes non délégués.
  • La disponibilité permanente de l'Intralipide (antidote) dans les centres.

Néanmoins, la réalité togolais (peu de MAR, pas encore d'école de formation de MAR au Togo, présence de MAR uniquement à Lomé et Kara) milite pour une solution pragmatique.

Le débat a été riche et a abouti au renvoi à une réunion ultérieure pour une réflexion approfondie sur les conditions et le type d'acte à déléguer. Le Dr JOHNSON, 2e vice-président de la STAARMUC, et son équipe sont chargés d'élaborer une proposition de texte.

En résumé, trois blocs ont été retenus pour le programme ALR essentiel au Togo : l'axillaire, le fémoral et sciatique poplité, et le TAP bloc. Tout anesthésiste paramédical pratiquant ces blocs en dehors du cadre légal fixé s'exposera à des sanctions disciplinaires.

Conclusion : Prochaines étapes et soutien institutionnel

La réunion s'est achevée à 16 h 30 , avec l'expression de deux souhaits majeurs :

  • Organiser un séminaire ALR échoguidé au dernier trimestre 2025.
  • Tenir les 3èmes journées monothématiques ALR en 2026.

Le DG du CHU SO a honoré la clôture, assurant la STAARMUC de son entière disponibilité à soutenir ces formations continues. L'avenir de l'anesthésie-réanimation togolaise est désormais en marche.