Octobre Rose, l'évènement d'octobre

 

Cet article est structuré en 2 parties : 

  1. En première partie aborde le cancer tel qu'il est perçu à travers des reportages de presse écrite, télévisuelle et d'interviews
  2. En seconde partie présente les avancées, basées sur les informations du Portail Officiel la République Togolaise

Octobre Rose au Togo : Un Combat Vital Contre le Cancer du Sein

Octobre Rose est bien plus qu'une simple campagne de sensibilisation ; c'est un mouvement mondial qui met en lumière la lutte contre le cancer du sein et insiste sur l'importance du dépistage précoce. Né en 1985, ce mois est dédié à informer le public sur la maladie, à encourager les femmes à se faire dépister et à collecter des fonds pour la recherche. Dans les pays à revenu élevé, un diagnostic précoce permet un taux de survie à cinq ans de plus de 90 %.

L'enjeu d'Octobre Rose au Togo

Au Togo, le cancer du sein représente un défi majeur de santé publique. C'est le cancer le plus fréquent chez la femme dans le pays, représentant environ 27,1 % (selon des statistiques hospitalières) des cancers féminins, suivi par le cancer du col de l'utérus (2ème cancer de la femme à 24,8% selon l'IARC-GLOBOCAN* et des statistiques hospitalières) et environ 3 000 à 4 000 femmes en meurent chaque année. Ces chiffres alarmants s'expliquent en grande partie par un retard de dépistage : plus de 80 % des femmes sont diagnostiquées à un stade avancé, ce qui compromet gravement les chances de guérison.

(* IARC-GLOBOCAN est la principale source de référence mondiale pour les statistiques sur le cancer. IARC : c'est l'acronyme de l'International Agency for Research on Cancer (Centre International de Recherche sur le Cancer) et GLOBOCAN : c'est un projet de l'IARC qui fournit des estimations de l'incidence (nouveaux cas), de la mortalité et de la prévalence des principaux types de cancer dans 185 pays)

Pendant Octobre Rose, les autorités sanitaires togolaises, en collaboration avec des associations et organisations de la société civile, organisent des campagnes de sensibilisation et de dépistage gratuit ou à prix réduit dans les hôpitaux publics. Ces actions visent à briser le tabou autour de la maladie et à inciter les femmes à se faire examiner.

Les Obstacles au Dépistage et au Traitement au Togo

Les difficultés rencontrées dans la lutte contre le cancer au Togo sont multiples et structurelles, touchant à l'accessibilité, aux infrastructures et aux ressources humaines.

1. Manque et Inégalité des Infrastructures et du Matériel

Le Togo souffre d'un manque criant d'infrastructures de diagnostic et de traitement spécialisées, concentrées majoritairement dans la capitale, Lomé :

  • Absence d'équipements de traitement lourds : Il n'y a pas de service de radiothérapie au Togo. Les patientes nécessitant cette étape de traitement doivent se rendre dans les pays voisins comme le Ghana ou la Côte d'Ivoire, ce qui représente un coût financier et logistique considérable (le traitement seul peut coûter l'équivalent 4 600 000 FCFA).
  • Limitation des équipements de diagnostic : La disponibilité d'appareils de diagnostic, comme les mammographes, est très limitée. Une femme vivant à Dapaong (à plus de 600 km de Lomé) doit se rendre à Kara, voire à Lomé, pour des examens spécifiques comme le dépistage ou certaines analyses.
  • Défaut de données : Jusqu'à récemment, le Togo ne disposait pas de registres populationnels des cancers, rendant difficile l'obtention de données précises et la planification d'une stratégie nationale efficace. Les statistiques se basent principalement sur les registres hospitaliers, qui ne capturent pas tous les cas.

2. Insuffisance des Ressources Humaines Spécialisées

L'expertise en oncologie est extrêmement rare au Togo, ce qui affecte directement la qualité de la prise en charge :

  • Rareté des oncologues : Il a été rapporté que le Togo ne disposait, en 2021, que d'une seule oncologue médicale et d'un seul oncologue chirurgien.
  • Manque de personnel spécialisé : Les ressources humaines adéquates (radiothérapeutes, autres oncologues médicaux) sont insuffisantes, voire inexistantes.
  • Répartition inégale des médecins : Seulement 20 % des ressources humaines en santé sont réparties dans les zones rurales. En général, on compte 1 médecin pour 18 519 habitants (donnée 2017).

3. Problèmes d'Accessibilité et de Coût

Les patients font face à des défis majeurs pour accéder aux soins :

Grandes distances : Les femmes en zone rurale doivent parcourir de grandes distances, souvent sans moyens de transport adéquats, pour atteindre les quelques centres de dépistage et de traitement concentrés dans les villes.

Coût élevé des soins : Le diagnostic et la prise en charge des cancers sont principalement à la charge du patient. Les coûts sont exorbitants pour une population dont le taux de pauvreté est élevé (estimé à 61 % en 2017). Le coût des dépistages dans le secteur privé peut varier, par exemple, pour le cancer du col de l'utérus, de 10 000 FCFA dans le public à 25 000 FCFA dans le privé.

4. Le Retard de Diagnostic

L'ensemble de ces facteurs contribue au principal problème : le retard de diagnostic. Les femmes arrivent à l'hôpital à un stade avancé du cancer après avoir souvent tenté d'autres remèdes traditionnels. Le manque de sensibilisation, malgré les campagnes, et un "double silence" (celui des symptômes discrets et celui de la femme qui n'ose pas consulter) accentuent cette réalité tragique.

Le combat mené durant Octobre Rose au Togo est donc essentiel pour sensibiliser et encourager le dépistage précoce, seule garantie d'une meilleure survie, en attendant une amélioration significative des infrastructures nationales de santé.

Article écrit avec différentes sources, entre autre : Octobre rose : 3000 femmes meurent du cancer du sein chaque année au Togo - France 24 Afrique.

Du nouveau au Togo, de l'accéleration depuis 2024

Le Togo intensifie la riposte contre le cancer : coordination renforcée et nouvelles infrastructures

Le Togo a franchi une étape décisive dans sa politique de santé publique en se dotant d’un Conseil National de Lutte contre le Cancer (CNLC). Adoptée par décret en Conseil des ministres en janvier 2024, cette nouvelle instance marque l'engagement du pays à structurer et à coordonner son combat contre cette maladie, qui représente la deuxième cause de mortalité dans les hôpitaux de la sous-région, avec 7 000 nouveaux cas recensés pour la seule année 2022.

Le CNLC, un cadre institutionnel stratégique

La création du Conseil National de Lutte contre le Cancer vise à établir un cadre institutionnel national de coordination et de gestion de l'ensemble des efforts de prévention et de prise en charge.

Sa mission principale est double :

  1. Orienter et coordonner les initiatives déjà existantes ou futures mises en place par l'exécutif.
  2. Améliorer la mobilisation des ressources nécessaires pour faire face à ce fléau qualifié de "tueur silencieux" par le porte-parole du gouvernement, Christian Trimua, lors de l'annonce de sa création.

Cette démarche s'inscrit dans la continuité d'un engagement pris par le Togo depuis plus d'une décennie, incluant l'adoption d'un plan national, la création d'un Institut national du cancer (INC) et la mise en place récente d'un Registre national des cancers. Des campagnes de sensibilisation, notamment pour la vaccination contre le cancer du col de l’utérus, avaient déjà été lancées.

Les avancées concrètes : de la coordination aux soins

Depuis l'institution du CNLC, le Togo a concrétisé d’importantes avancées, témoignant d'une dynamique de lutte accrue :

1. Lancement d'un Centre public de traitement (Novembre 2024)

En novembre 2024, le gouvernement a marqué un nouveau pas dans l’amélioration de la prise en charge des patients en lançant la construction d'un Centre public de traitement du cancer.

Implantée dans l'enceinte du camp du 1er Bataillon d'Intervention Rapide (ex Camp FIR) dans la commune d'Agoè-Nyivé 1, cette infrastructure publique couvrira une surface de 1 600 m². Ce futur centre de référence est destiné à améliorer considérablement l'accès aux soins oncologiques de qualité sur le territoire national.

2. Renforcement de la prévention par la vaccination (Août 2025)

En plus de l'amélioration des infrastructures de traitement, la prévention reste un pilier central de la stratégie nationale. En août 2025, le Togo a réaffirmé son engagement dans la prévention en amont en intégrant la vaccination contre le Virus du Papillome Humain (VPH), principal responsable du cancer du col de l'utérus, et l'Hépatite B (associée au cancer du foie) dans son Programme Élargi de Vaccination (PEV).

Cette stratégie, déployée du centre de santé jusqu'aux écoles, permet d’assurer une couverture vaccinale plus large pour prévenir les cancers oncogènes, ce qui est crucial pour réduire l'incidence de la maladie à long terme.

Une vision stratégique intégrée

La création du CNLC s'articule autour du Plan Cancer Togo 2022-2025 et permet de donner une impulsion renouvelée aux structures déjà opérationnelles, telles que l'unité de traitement du cancer infantile et le centre international de cancérologie. En assurant une action coordonnée entre toutes les institutions, le gouvernement togolais vise à optimiser l'utilisation des ressources et à offrir une réponse globale et efficace, de la prévention au dépistage précoce (sein, col de l’utérus, prostate, côlon) et au traitement, pour l'ensemble de sa population.

Source : le Portail Officiel de la République Togolaise "Cancer : le Togo se dote d’un Conseil national de lutte"